Zsuzsanna TÓSZEGI |
Le cas de Robinson avec l'ordinateur - multimédia et lecture
Nous entendons souvent la question difficile: quels livres choisiriez-vous
pour prendre avec vous, si vous deviez partir pour toujours pour une île
déserte? Sur quoi, la personne interpellée: combien de livres
puis-je emporter? Puis, bientôt, elle va poser la question importante:
y a-t-il du courant électrique sur cette île?
Jusqu'à présent, seule la disproportion entre une offre immense
et la capacité réduite d'un canot de sauvetage supposé
rendait le choix difficile. Actuellement, nous sommes arrivés à
une époque où la seule présence simultanée
d'un lecteur et d'un livre ne suffit plus à la lecture: pour la
consultation des livres électroniques on a besoin d'un instrument
qui décode les informations et les rend lisible pour l'homme. Comme
de tels instruments, en général des ordinateurs, ont besoin
du courant électrique pour fonctionner, il serait inutile de prendre
des livres électroniques pour l'île de Robinson: nous serions
bien incapables de les consulter.
Une époque est révolue
La prédiction faite par McLuhan en 1962 (mil neuf cent soixante-deux)
concernant la fin de la galaxie Gutenberg est à tel point devenue
un lieu commun que nous avons peu réfléchi sur la question
de savoir si c'est seulement une période de 500 (cinq cents) ans
qui a pris fin ou une époque plus importante encore, celle du monopole
du livre. Sans discuter l'importance de l'invention de la typographie à
caractères mobiles et celle de la presse manuelle, il n'est pas
inutile de rappeler que l'objet ainsi fabriqué - surtout à
ses débuts - ne différait guère du livre manuscrit,
à la source d'une culture déjà importante. En fait,
le véritable produit de la culture européenne et chrétienne
n'est pas tant la typographie mais le "codex", obtenu à
partir de feuilles pliées à plat, reliées et protégées
par une couverture, dans lequel le texte est ordonné en sections.
Ce "codex", succédant au rouleau, au «volumen»,
a un passé long de dix-sept à dix-huit siècles.
On sait, qu'entre le XIe (onzième) et le XIIIe (treizième)
siècles, il existait déjà une culture développée
en Corée, au Japon et en Chine, basée sur l'imprimerie. La
gravure sur bois est connue et utilisée en Corée depuis le
VIIe (septième) siècle déjà. C'est à
partir de formes en bois qu'étaient imprimés les Sûtra
de diamant découverts en 1868 (mil huit cent soixante-huit) par
l'orientaliste d'origine hongroise Aurélien Stein (1862-1943: né
en mil huit cent soixante-deux et mort en mil neuf cent quarante-trois).
Ce sont les Chinois qui ont inventé le papier et réussi à
garder le secret de sa fabrication pendant sept siècles.
Mais de loin pas tous les livres ont été faits avec du papier.
Du parchemin à la soie, ils ont utilisé les matériaux
les plus divers et le support variait souvent en fonction de la valeur
du texte lui-même. Les livres écrits sur de l'écorce
de bois, des feuilles de palmier ou du bambou étaient vulnérables,
pour cette raison, les textes religieux et les lois étaient plutôt
gravés dans du bois, du métal ou de l'ivoire.
Bien que seule une cinquième de la population de la terre soit affiliée
à une église chrétienne, le livre, ce dérivé
du "codex" de la littérature religieuse de la chrétienté,
a conquis le monde entier. Aujourd'hui, quelle que soit la langue ou l'écriture
employée, le terme "livre" désigne pratiquement
le même produit au Japon, en Chili et en Côte-d'Ivoire (voir
la norme internationale de numérotation des livres, l'ISBN (l'i-es-bé-en)).
Le pouvoir du livre
Pendant que certains prédisent la fin du livre, en 1993 (mil neuf
cents quatre-vingt-treize), rien qu'aux Etats-Unis, le marché du
livre a atteint un chiffre record, soit plus de 18 (dix-huit) milliards
de dollars. Ce succès est en grande partie dû à une
présentation de plus en plus plaisante et à une riche illustration
des livres. Grâce aux progrès dans les arts graphiques et
l'informatique, les éditeurs peuvent donner libre cours à
leur créativité. En regardant la production de ces dernières
années, on a l'impression que les typographes ont brisé les
barrières du miroir de la page pour disposer les illustrations sans
limitations, en toute liberté. Les photographies proches du réel
et hautes en couleurs augmentent encore l'effet. Cette évolution
est particulièrement frappante dans le cas des ouvrages de vulgarisation
et des livres destinés aux enfants; la collection "Eyewitness"
de la maison d'édition Dorling Kindersley constitue un bon exemple
de cette nouvelle manière d'illustrer les livres. (Cette collection
est également publiée en Hongrie, par l'éditeur Park.)
Les polices de caractères déchargeables permettent à
la plus modestes des ateliers de disposer des possibilités autrefois
réservées aux plus grandes imprimeries. Les logiciels de
PAO (pé-a-o: publication assistée par ordinateur), vendus
à des prix très accessibles, permettent pratiquement à
chacun de produire un document prêt à la reproduction et de
s'improviser éditeur en en diffusant les copies. La profanation
du livre est ainsi accomplie: considéré d'abord comme un
objet sacré, puis comme un trésor rare, le livre est devenu
un produit du marché et un banal objet d'usage quotidien.
L'ordinateur et le téléviseur jouent un rôle de plus
en plus important à la place des moyens d'information imprimés
servant la transmission de textes. Le traitement de texte a éliminé
la composition manuelle. Grâce aux réseaux de télécommunications,
les textes numérisés parviennent en quelques minutes d'un
continent à l'autre, sous une forme éditée et mise
en page, prêt à être imprimés. De plus en plus,
c'est de cette manière que sont produits les grands quotidiens puisqu'il
est bien plus rapide et plus avantageux de transférer des fichiers
informatiques et les imprimer à leur destination plutôt que
de transporter les exemplaires imprimés sur des distances considérables.
Il est cependant de plus en plus fréquent qu'on n'imprime même
pas les textes produits par des moyens électroniques: le nombre
de livres, périodiques et autres documents qui existent uniquement
sous forme numérique augmente sans cesse (sans compter le courrier
électronique ou les groupes de discussion sur les réseaux
qui ne concernent pas notre propos). En fait, ce à quoi nous assistons,
n'est plus seulement la fin de règne du livre, mais bien la perte
de pouvoir du texte écrit.
Le rôle des éditeurs
La possibilité de publier, d'accéder à la "publicité"
au sens premier de ce terme, soulève d'autres questions. Si nous
admettons que l'existence prolongée, à travers plusieurs
siècles, de certains institutions suppose un certain consensus social,
alors nous pouvons considérer les éditeurs comme des "portes"
entre auteurs et lecteurs. La société accepte, voire attend
de la part des éditeurs qu'ils garantissent une certaine qualité
des ouvrages qu'ils font paraître sous leur label. L'acheteur peut
en effet se fier au nom d'un éditeur dont il connaît les ouvrages
déjà publiés. Un éditeur peut ainsi ouvrir
l'accès au public à un auteur encore inconnu, lui conférant
un prestige basé sur son activité antérieure. Laissant
de côté les influences politiques possibles, supposons que
c'est en vertu de sa propre valeur que le texte parvient, par l'intermédiaire
de l'éditeur, au lecteur. Etre publié par une maison d'édition
jouissant d'une renommée mondiale confère un certain rang
à l'auteur et fournit en même temps une garantie au lecteur
quant à la qualité de l'ouvrage qu'il peut obtenir pour son
argent.
Ce consensus social ne fonctionne pas toujours dans le cas des multimédias.
Même les CD-ROM n'ont souvent pas d'éditeur véritable
et en ce qui concerne l'Internet, pratiquement n'importe qui peut y publier
n'importe quoi et pour un investissement bien moindre que celui exigé
par la production de quelques centaines de CD-ROM. Cette liberté
a certes des avantages incontestables, mais nous devons également
être conscients de ses désavantages. Nous ne pensons pas ici
aux oeuvres offensant la morale dont il est souvent question, mais au
fait que n'importe qui peut éditer des oeuvres électroniques
échappées au droit d'auteur. Ainsi paraissent, à côté
de livres électroniques de haut niveau, aussi des oeuvres qui, par
le passé, ont acquis une bonne réputation mais qui sont reprises
sur un nouveau support sous une forme qui leur est indigne.
Révolution de la lecture
Mesuré à l'échelle de l'histoire, très peu
de temps a passé depuis la généralisation de la lecture
et de l'écriture. Dans l'Empire romain et dans la Grèce antique,
presque tout le monde savait écrire, y compris beaucoup d'esclaves.
Mais en Europe, durant le premier millénaire suivant la chute de
l'Empire, c'était le privilège des prêtres. La situation
de monopole des prêtres se trouvait renforcée encore par le
fait que le latin était la langue officielle non seulement de l'Eglise
mais aussi des Etats. Tout prêtre chrétien pouvait ainsi communiquer
par écrit en cette langue, alors que le reste de la population devait
se contenter de la communication verbale.
Nous nous plaisons à dire que d'abord la télévision,
puis l'informatique détournent les gens de la lecture. Mais, comparé
même au début du siècle, énormément de
gens passent une partie de leur temps de loisirs à la lecture. Ce
temps, compté en moyenne journalière, n'est pas très
important. Mais si la population adulte de la seule Hongrie passe une demi
heure par jour à lire, cela fait déjà plusieurs millions
d'heure de lecture par jour. Au Moyen-Age, de nombreux souverains ne savaient
pas lire. Parmi ceux-là figurait aussi Charlemagne, alors que sous
son règne la culture fleurissait et l'alphabétisation progressait.
En Hongrie cependant, sept siècles plus tard, en 1491 (mil quatre
cent quatre-vingt-onze), Etienne Bathori, voïvode de Transylvanie,
ne savait pas signer de sa main la paix de Presbourg.
Cette situation ne caractérisait pas le seul Moyen-Age: au début
des Temps modernes, l'alphabétisation ne progressait que lentement
en Europe. Dans la première moitié du XVIIe (dix-septième)
siècle, dans le pays qui comptait pour être le plus développé,
c'est à dire en Angleterre, 70 (soixante-dix) pour cent des hommes
et 90 (quatre-vingt-dix) pour cent des femmes étaient analphabètes.
En Allemagne, autour de 1700 (mil sept cents), cette proportion était
de 90-92 (quatre-vingt-dix à quatre-vingt-douze) pour cent. Une
enquête du siècle passé nous donne une image précise
de la France de la fin du XVIIIe (dix-huitième) siècle: bien
que le nombre des personnes alphabétisés ait doublé
au cours du siècle, elles constituaient encore une minorité
à la veille de la Révolution. A l'intérieur même
du pays, il existait des différences régionales importantes:
une diagonale allant du nord-ouest au sud-est partageait ce dernier en
deux. Au sud de cette ligne, l'alphabétisation n'atteignait pas
les 20 (vingt) pour cent, voire même pas les 10 (dix) pour cent dans
certaines régions montagneuses. Par contre, en Normandie et en Alsace-Lorraine,
83 (quatre-vingt-trois) pour cent des hommes et 44 (quarante-quatre) pour
cent des femmes savaient lire et écrire. La population de la Hongrie
a franchi le seuil de ce siècle avec presque 40 (quarante) pour
cent d'analphabètes. Mais à la même époque,
la Serbie en comptait 80 (quatre-vingt) pour cent, la Roumanie 78 (soixante-dix-huit)
et la Grèce 60 (soixante).
Ces données montrent clairement que ce que Roger Chartier appelle
la "révolution de la lecture", n'a, en fait, touché
que quelques pour cents de la population, déjà limitée,
d'Europe. Entre le XIIe (douzième) et le XIVe (quatorzième)
siècles, la lecture silencieuse a graduellement remplacé
la lecture à haute voix. L'innovation des scribes irlandais et anglais
du Moyen-Age, la séparation des mots, a grandement facilité
la lecture visuelle qu'elle rendait plus rapide. Chartier explique d'autres
processus sociaux importants par le changement du rôle de l'écrit.
Jusqu'au XIIe (douzième) siècle, dans les monastères,
les textes religieux n'étaient pas réunis en vue de leur
lecture mais pour leur conservation. Le "modèle scolastique"
né dans les écoles des villes et dans les universités
a transformé la lecture en activité intellectuelle. L'écriture
a aussi évolué, sont apparu les signes de ponctuation et
les notes. Plus tard, au cours du XVIIIe (dix-huitième) siècle,
un nouveau style de la lecture était apparu, une véritable
"fièvre de lecture" a saisi les gens, un public de plus
en plus nombreux lisait beaucoup, une littérature variée.
Les informations trouvées dans les livres et les périodiques
de plus en plus nombreux ont fortement contribué à l'éloignement
de la population, en Europe et particulièrement en France, de ses
souverains et de l'Eglise, qu'elle osait désormais critiquer. La
mode de la lecture exerçait un effet stimulant sur l'édition:
est apparu le type de lecteur aux intérêts éclectiques
et lisant beaucoup, devenu le consommateur du marché du livre, incitant,
par ses achats, les éditeurs à la publication d'ouvrages
répondant à une large variété de goûts
et à des tirages toujours plus importants.
Le multimédia
Il est difficile de définir un terme à la mode, étant
donné le grand nombre de personnes qui l'emploient et souvent dans
des sens différents. Malheureusement, les définitions simplifiées
et inexactes entrent dans la conscience du public. Si nous voulons définir
le concept du multimédia, nous devons nous tourner d'abord vers
les origines latines du mot. Le premier élément, "multi"
signifie "beaucoup". "Medium", dont "media"
est le pluriel, signifie "milieu", "moyen". Aujourd'hui,
nous employons le terme "média" dans le sens de "moyen
d'information".
Pour multimédia, nous avons souvent pu lire des définitions
superficielles comme "ensemble d'images, de sons et de textes".
Si on acceptait cette définition, la télévision serait
aussi du multimédia, puisque les trois éléments s'y
rencontrent. D'autre part, nous avons déjà vu des CD-ROM
annoncés comme "multimédia" mais qui ne contenaient
que du texte et des images fixes. Est-ce du multimédia ou non?
Dans cette définition, il manque un élément important:
l'ordinateur. Ce dernier n'est pas seulement nécessaire à
la consultation, il est surtout indispensable à l'interactivité,
sans quoi l'ensemble de l'image et du son n'est pas encore du multimédia.
Pour expliquer ce qu'est l'interactivité, nous pouvons dire ceci:
dans une oeuvre multimédia, c'est le lecteur qui choisit librement
son itinéraire, à l'aide des liens créés par
le développeur du programme. Pour l'utilisateur, le multimédia
présente les informations sous forme d'images animées, de
textes et de sons, à l'aide d'interfaces permettant l'interactivité.
Le multimédia suppose donc un ordinateur et des interfaces permettant
à l'utilisateur de communiquer avec la machine. Cela concerne l'aspect
"moyens", mais il existe naturellement un aspect "contenu":
les documents multimédia eux-mêmes, consultables à
l'aide des ordinateurs.
Revenons au sens étymologique du terme: pour pouvoir parler de multimédia,
la présence de plusieurs, mais au moins de deux médias est
nécessaire. Un film vidéo, enregistré sur CD-ROM,
bien qu'il comporte image animée et son, et que pour le visionner
il faut un ordinateur, ne constitue pas encore un document multimédia.
Cela pour plusieurs raisons, dont la première est ceci: dans un
multimédia, il faut la présence de deux médias indépendants,
un dépendant du temps, l'autre qui en est indépendant.
Tout média a une dimension spatiale et une temporelle. Le papier
ou l'écran ont deux dimensions dans l'espace alors que l'hologramme
en a trois. A cet aspect s'ajoute la relation au temps qui joue un rôle
important dans les moyens de communications, donc dans le multimédia.
Par rapport au temps, on peut distinguer deux dimensions: la dépendance
et l'indépendance.
Les médias dépendants du temps - donc ceux qui se déroulent
dans le temps - changent avec l'écoulement de ce dernier. Dans le
cas du cinéma, de l'image animée, nous voyons défiler
une succession d'images, comme nous entendons une succession de sons en
écoutant un enregistrement de musique. Ces médias sont donc
dépendants du temps. A l'opposé, une image fixe ou un texte
ne changent pas si nous les regardons quelque secondes ou quelques siècles
plus tard. Ces moyens sont donc indépendants du temps.
Une autre condition importante du multimédia interactif est la présence
de liens correspondant à des relations de contenu et permettant
la navigation. Un tel système non-linéaire de liens est appelé
"hypertexte" ou, dans certains cas, "hypermédia".
A présent, nous pouvons résumer: la notion de multimédia
comprend la nécessité du recours à l'ordinateur, la
présence d'interfaces interactives, la présence d'au moins
deux médias indépendants dont l'un est dépendant,
l'autre est indépendant du temps, et l'existence d'un système
non-linéaire de liens hypertexte.
Nous pouvons donc constater que le multimédia constitue avant tout
un facteur qualitatif. Le multimédia peut fonctionner sur un ordinateur
isolé, mais les applications multimédia sont proposées
de plus en plus souvent à travers des réseaux.
Transformation du processus de lecture
Nous avons vu, un des éléments constitutifs du multimédia
est l'hypertexte qui révèle les relations existant dans le
texte et permet la navigation suivant ces liens. Dans le cas d'un livre,
pour «sauter» d'un passage à un autre, suivant un renvoi,
nous devons feuilleter l'ouvrage. Ce faisant, nous apercevons inévitablement
une figure par-ci, un titre de chapitre par-là. Dans le cas de l'hypertexte,
le "saut" s'effectue en une fraction de seconde mais nous ne
voyons rien de ce qui se trouve entre les deux passages.
Nous n'avons encore rien dit de la diversité des ordinateurs, de
la résolution des écrans, du nombre des couleurs, de la vitesse
des opérations et d'autres éléments. L'image affichée
sur un écran de 640 x 480 (six cent quarante fois quatre cent quatre-vingt)
points et rendant 256 (deux cent cinquante-six) couleurs diffère
qualitativement de ce que l'on peut voir sur un moniteur offrant une image
de 1024 x 768 (mille vingt-quatre fois sept cent soixante-huit) pixels
et 16,77 (seize virgule soixante-dix-sept) millions de nuances. L'effet
d'une application multimédia dépend aussi de la capacité
de débit des réseaux.
Les vieilles notions comme "oeuvre volumineuse", "livre
en deux tomes" et d'autres, semblables, perdent leur signification.
L'étendue d'une oeuvre n'est plus perceptible dans le cas d'un CD-ROM,
encore moins dans celui d'une oeuvre portée sur les réseaux
et contenant de nombreux liens. Un magma immatériel, touffu et complexe
prend la place du livre existant comme entité matérielle
tangible, un ensemble fini cède sa place à un ensemble quasiment
infini. Le texte traditionnel, articulé selon une structure perceptible,
généralement linéaire, est relayé par une mosaïque
d'informations diverses laquelle prend, à chaque consultation, une
forme différente, presque aléatoire, comme dans un kaléidoscope.
Il est évident que nous ne lisons pas de la même façon
sur un écran d'ordinateur que dans un livre imprimé. La recherche
sur la lecture aura fort à faire si elle veut connaître le
processus de la lecture, les nouvelles habitudes ou l'évolution
des goûts. Pour l'instant, seuls les points d'interrogation se multiplient
autour des publications électroniques et le multimédia. Ici,
nous ne mentionnons qu'une seule question: quels sont les nouveaux schémas
cognitifs formés lors de la lecture d'un document hypertexte?
Conclusion / Résumé
Sur l'île déserte de Robinson Crusoé, il n'y a pas
de courant électrique, il serait donc vain d'y emporter nos livres
électroniques. Ces derniers ont une structure interne et, en conséquence,
un mode de consultation différents de ceux du livre imprimé,
voire du "codex" que nous avons connu durant près de deux
millénaires.
Un magma immatériel, touffu et complexe prend la place du livre
existant comme entité matérielle tangible, un ensemble fini
cède sa place à un ensemble quasiment infini. Le texte traditionnel,
articulé selon une structure perceptible, généralement
linéaire, est relayé par une mosaïque d'informations
diverses laquelle prend, à chaque consultation, une forme différente,
presque aléatoire, comme dans un kaléidoscope.
Les mutations d'une société, basée sur le livre comme
support fondamental de l'information culturelle, soulèvent de nombreuses
questions. De même, nous devons être conscients du fait que
nous assistons non seulement à la fin du livre, mais aussi à
celle du texte écrit.
Bibliographie
Jean, Georges: L'écriture: mémoire des hommes. - Paris:Gallimard,
1989. (Découvertes Gallimard: Archéologie) p. 74.
Tóth, István György: Mivelhogy magad írást
nem tudsz... Az írás térhódítása
a kora újkori Magyarországon (Comme tu ne sais pas écrire...
Diffusion de l'écriture dans la Hongrie du début des Temps
modernes). - Budapest: MTA Történettudományi Int., 1996.
pp. 238-242
Chartier, Roger: A kódextõl a képernyõig: az
írott szó röppályája (Du codex à
l'écran: le parcours du texte écrit), in BUKSZ, 1994, pp.
305-311.
Steinmetz, Ralf: Multimédia: bevezetés és alapok (Multimédia:
introduction et bases). - Budapest: Springer Hungarica, 1995. p. 26.